La récente vague d’exécutions en République Démocratique du Congo (RDC), avec les condamnations à mort de centaines de jeunes, principalement des membres de gangs dits « Kulunas », soulève des préoccupations profondes sur la manière dont l’État aborde la criminalité urbaine. Le rétablissement de la peine de mort, particulièrement appliqué à des jeunes âgés de 18 à 35 ans, pose un dilemme moral et juridique. La question qui se pose n’est pas uniquement celle de la répression, mais bien de l’efficacité de cette approche pour résoudre un problème sociétal vraiment complexe.
Mon analyse s’appuie sur les faits rapportés par des sources sûres, comme :
– l’Associated Press, https://lactualite.com/actualites/le-congo-execute-102-bandits-urbains-et-70-autres-devraient-subir-le-meme-sort/ publié par Jean-yves Kamale et Wilson Mcmakin, The Associated Press, le 5 janvier 2025,
– Radio France Internationale, https://www.rfi.fr/fr/afrique/20241213-rdc-vers-des-ex%C3%A9cutions-de-membres-des-gangs-de-kuluna-%C3%A0-kinshasa publié le : 13/12/2024 – 05:00 et Modifié le : 13/12/2024 – 11:56,
– les déclarations des autorités congolaises, https://lepotentiel.cd/2025/01/04/rdc-c-mutamba-met-en-garde-contre-le-phenomene-kuluna-et-rappelle-la-peine-de-mort/
et propose des solutions plus humaines et durables.
1- Une répression aveugle : les dangers d’une réponse punitive
Le gouvernement congolais a fait le choix de recourir à des exécutions massives en réponse à la délinquance urbaine. L’opération « Zéro Kuluna » et les centaines d’arrestations qui en découlent témoignent d’une volonté de rétablir l’ordre, mais cela soulève plusieurs questions fondamentales :
La peine capitale, une solution à court terme : L’exécution des « Kulunas » semble être une réponse à la violence immédiate, mais elle ne traite en rien les causes profondes de la criminalité. En 2024, près de 800 arrestations ont été effectuées à Kinshasa dans le cadre de l’opération « Ndobo », aboutissant à des procès expéditifs et des condamnations à mort. Pourtant, cette approche ignore les véritables racines du phénomène : la pauvreté, le chômage, l’exclusion sociale, et la déstructuration familiale, qui sont des moteurs évidents de la criminalité.
Le risque d’exécutions extrajudiciaires et de violations des droits humains : L’absence de garanties procédurales rigoureuses, comme le soulignent les défenseurs des droits humains, pourrait entraîner des condamnations injustes et des abus. Les procès expéditifs, souvent menés dans l’urgence et dans un climat de pression sociale et politique, ne garantissent pas la justice. Le danger est donc réel qu’un grand nombre de jeunes soient exécutés sans une évaluation juste de leur culpabilité.
L’impact psychologique et sociétal : Ces exécutions renforcent un climat de peur et de violence qui risque de créer davantage de marginalisation au sein de la jeunesse. Plutôt que de rétablir l’ordre, cette violence d’État peut intensifier les tensions sociales et nourrir la radicalisation de certains groupes.
2. Une alternative constructive : éducation juridique et réinsertion sociale
Face à ce constat de violence systémique, il est urgent de proposer une approche plus humaine et plus efficace. L’éducation et la réinsertion doivent être au cœur de la réponse à la criminalité juvénile. Une politique préventive s’impose pour aider les jeunes à se réinsérer dans la société, mais aussi pour éviter que d’autres ne tombent dans le piège de la délinquance.
L’éducation juridique comme levier : L’introduction de programmes éducatifs adaptés dès le plus jeune âge est indispensable. Les jeunes doivent être informés sur leurs droits et devoirs. Des initiatives scolaires et extra-scolaires pour promouvoir la culture du droit et de la paix, ainsi que des formations sur la médiation et la gestion des conflits, doivent être mises en place. Ce modèle de prévention s’appuie sur des initiatives éducatives qui ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays confrontés à des situations similaires.
La réinsertion sociale des délinquants : Plutôt que de traiter la criminalité par la répression brutale, il est nécessaire d’investir dans des centres de réinsertion pour les jeunes délinquants. Ces centres devraient offrir des formations professionnelles, un accompagnement psychologique, ainsi que des opportunités d’insertion dans des projets communautaires. Ce processus doit être soutenu par une volonté politique d’investir dans les jeunes, notamment ceux issus des milieux défavorisés.
Un soutien renforcé aux familles et aux communautés : L’épanouissement des jeunes ne peut pas se faire sans un environnement familial et communautaire stable. Des actions concrètes doivent être menées pour soutenir les familles vulnérables et renforcer le rôle des communautés locales dans la prévention de la criminalité. Cela passe par des programmes de formation et des initiatives de soutien social, en particulier dans les quartiers où la pauvreté et la violence sont omniprésentes.
3. Propositions concrètes pour une révision des politiques de sécurité en RDC
Fort de mon expertise en éducation juridique et en prévention de la criminalité juvénile, je me propose d’accompagner le gouvernement de la RDC dans la mise en œuvre de solutions plus humaines et durables pour lutter contre la criminalité. Voici quelques propositions concrètes :
Renforcer l’éducation à la citoyenneté et à la loi dans les écoles : Ce programme doit être intégré dans le cursus scolaire de manière systématique, avec des modules adaptés à chaque tranche d’âge pour sensibiliser les jeunes aux conséquences de leurs actes et à l’importance du respect des règles de droit.
Développer un réseau de centres de réinsertion : Ces centres doivent être des lieux d’accueil, de formation et de soutien psychologique pour les jeunes en conflit avec la loi. En leur offrant une alternative constructive, ces centres pourront permettre à ces jeunes de reconstruire leur vie.
Mettre en place des dispositifs de médiation sociale : Des structures communautaires comme un Centre de Justice de Proximité que j’ai créé au Bénin, doivent être établies pour gérer les conflits sociaux de manière pacifique. Cela inclut des formations pour les leaders communautaires afin qu’ils puissent intervenir avant que les jeunes ne se retrouvent dans des situations de délinquance.
Renforcer l’accès à une justice équitable : Il est essentiel d’établir des mécanismes transparents et impartiaux pour le traitement des délinquants. Les condamnations à mort doivent être évitées, et des alternatives comme des peines de prison assorties de programmes de réinsertion devraient être envisagées.
Formation ciblée pour les forces de l’ordre de la RDC : Outre les propositions éducatives et sociales évoquées, il est impératif de mettre en place une formation dédiée à la police, axée sur les principes des droits de l’homme et les techniques modernes de gestion des conflits. La police étant en première ligne dans la lutte contre la criminalité, une approche fondée sur la prévention, la médiation et le respect des droits des individus est essentielle pour éviter les dérives et améliorer l’efficacité de la justice.
Je conclus mon analyse par ces mots :
L’application de la peine de mort en réponse à la criminalité urbaine est une solution qui semble à la fois inefficace et dangereuse pour la société congolaise. Le vrai défi réside dans la mise en place de politiques éducatives et sociales efficaces qui s’attaquent aux causes profondes de la criminalité. La RDC a besoin d’une stratégie de prévention et de réinsertion des jeunes, une politique qui donne aux jeunes les moyens de réussir et d’éviter le piège de la délinquance.
Je suis prêt à mettre mon expertise à la disposition des autorités congolaises pour élaborer et mettre en œuvre ces solutions. Je viens du Bénin et ensemble, nous pouvons construire une société plus juste, plus équitable et plus pacifique.
L’avenir de la RDC se joue aujourd’hui. Il est encore possible de semer le rêve sain et de lutter contre la criminalité juvénile dans le pays.
Comments (1)
Rigobert Coffi AMEGANsays:
janvier 8, 2025 at 8:17 pmJe suis vraiment satisfait d’avoir lu, cher Junior DEGUENON, Juriste Professionnel Certifié, votre analyse aussi simple que claire mais d’une profondeur, longueur et largeur qui inspirent grand respect de vos Valeurs Ajoutées à considérer fermement dans le choix des approches de solutions envisageables sans aucun doute de se tromper.
Je suis très admiratif des propositions honorables du professionnel de votre catégorie et rang, de votre courage, de vos conseils minutieux.
Je vous salue respectueusement au de la solidarité, lien de la fraternité humaine.
Heureuse Année 2025 de progrès professionnels positifs à tous points de vue sans pareils.
Rigobert Coffi AMEGAN.